Jenny Ecoiffier n’est pas une portraitiste. Son rapport à l’humain se fait par détours. Elle n’a jamais souhaité se confronter aux autres, ou plutôt elle l’a craint. Aussi s’est-elle longtemps cantonnée à ses proches ou à elle-même.
Le portrait renvoie une image de soi que tout un chacun n’est pas toujours prêt à accepter. Alors elle a abordé ce domaine de la photographie comme un jeu. Tout d’abord avec son « Portrait évasif » à la manière des saynètes de Duane Michals. Puis, bien des années après, elle a proposé à des amis artistes de se prêter au jeu ; mais à condition qu’ils lui laissent carte blanche. Ce n’est pas forcément l’image qu’ils attendent mais celle qu’elle se fait d’eux. Elle n’essaye pas de prendre des images volées d’instants fugaces révélateurs. Elle fait des portraits posés dans l’esprit d’Arnold Newman. Elle les construit à partir de ce qu’elle connait d’eux, de leur œuvre. Elle n’imagine pas se confronter à des inconnus.
Les quatre portraits de Violetta ont été tirés d’après un négatif de Roger Pic, avec son accord. Elle a utilisé le procédé des «photographismes » pour ajouter une mélodie visuelle à l’image de cette chanteuse de jazz.
Jusqu’en 2005, ses portraits sont en noir et blanc argentique. Généralement ils sont tirés en format 30x40cm. Ce n’est que dernièrement, en 2018, qu’elle a repris cette pratique en images numériques en tirage jet d’encre, toujours en noir et blanc, avec parfois un clin d’œil à la couleur.